Clauses abusives: neuf distributeurs assignés
Ils sont accusés par le gouvernement d'avoir imposé des clauses abusives dans leurs contrats avec leurs fournisseurs
Carrefour, Casino, Auchan, Leclerc, Cora, Système U, Intermarché, Castorama et Darty sont assignés devant les tribunaux d'Evry, Bobigny, Créteil, Lille, et Meaux, selon une
source proche du dossier.
Ce n'est pas la première fois que l'Etat attaque des groupes de la distribution - Leclerc a été condamné en octobre en appel à restituer à des fournisseurs plus de 23
millions d'euros - mais jamais auparavant il n'avait procédé à un tel tir groupé.
Son objectif: dissuader toute récidive des pratiques contestées, alors que les centrales d'achat des distributeurs et les fournisseurs ont entamé leurs négociations commerciales,
autrement dit les discussions des contrats qui les lieront l'année prochaine.
"J'espère que les assignations (...) auront des vertus pédagogiques", a déclaré le secrétaire d'Etat au Commerce Hervé Novelli, dans un entretien à l'hebdomadaire spécialisé
LSA, évoquant les "risques d'image" pour les distributeurs. "Je compte sur cette prise de conscience pour qu'en 2010 aucune clause abusive ne subsiste dans les
contrats".
Les contrats en cause sont régis par la Loi de modernisation de l'économie d'août 2008. Celle-ci a autorisé les centrales d'achat des distributeurs à négocier les prix avec
les fournisseurs afin de faire jouer la concurrence et redonner du pouvoir d'achat au consommateur, dans un contexte, alors, de forte inflation.
La LME avait pour objectif de moraliser les pratiques du secteur, notamment de mettre un terme aux "marges arrière" (ristournes que les distributeurs obtiennent des
fournisseurs au titre d'une coopération commerciale). Dans ce but, elle a revu à la hausse les sanctions encourues. Les contrevenants risquent des amendes pouvant aller jusqu'à 2
millions d'euros par infraction, et d'avoir à restituer jusque trois fois ce qu'ils auraient fait payer en trop aux fournisseurs.
Deux grands types de dispositions présumées illégales ont été identifiés: celles où le distributeur n'assume plus le risque de mévente (comme l'obligation pour le fournisseur de
reprendre les invendus) et celles qui imposent des obligations dont le distributeurs se dispense (des pénalités de retard, ou bien une baisse de prix exigée quand le cours
des matières premières diminue, mais pas l'inverse).
"On est au stade procédural. Les magistrats ne vont pas aller au fond. Ils devraient examiner la recevabilité et les pièces présentées", a expliqué un porte-parole de la Direction
de la concurrence et de la répression des fraudes. Ce type de procédure, au civil, dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avec des renvois d'audience, a-t-il indiqué