Les plats Claude Léger sont cuisinés à Laillé

A Laillé (15 km au sud de Rennes), Sveltic fabrique depuis 1990 des plats cuisinés pour le groupe Intermarché, sous sa marque distributeur « Claude Léger ».

Tomates farcies, paëlla et autres plats surgelés pour Intermarché sortent de l'usine Sveltic, le long de la quatre voies Nantes-Rennes. La société croit en l'avenir malgré la crise.

Reportage

Le plat cuisiné a-t-il le vent en poupe ? Si l'on en croit la progression constante de Sveltic, à Laillé, on peut le penser. Plus de 200 salariés, sans compter la vingtaine d'intérimaires en moyenne, 17 000 tonnes produites par an et un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros, cette filiale du groupe Intermarché, créée en 1990, se porte plutôt bien. « On augmente de manière continue, indique sobrement Christophe Bontemps, directeur depuis 2009. Les volumes sont en développement sur la partie surgelés et depuis le début de l'année, six nouvelles personnes ont été recrutées. On a étoffé les services et on les a structurés pour être adapté à une production plus forte dans les années à venir. »

L'entreprise était bloquée dans son développement par les autorisations administratives ; elle a demandé à ce que son autorisation d'exploitation soit portée à 25 000 tonnes. Un objectif à dix ans « ambitieux mais réaliste », estime Christophe Bontemps. L'accord préfectoral, donné il y a quelques semaines, lui permet de passer un nouveau palier. Avec l'idée de décrocher d'autres marchés. Aujourd'hui, ses clients, ce sont Intermarché et Netto à 92 % pour qui elle mitonne la gamme « Claude Léger », Eismann (le livreur de surgelés à domicile, client historique) et des grossistes pour la restauration professionnelle comme Metro. Mais Sveltic a commencé à travailler pour d'autres enseignes.

Un secteur touché par la crise

Le plat cuisiné n'échappe pourtant pas aux difficultés. Les grandes marques nationales, leaders du secteur, ont souffert : « Marie a été rachetée en 2009 par le groupe volailler LDC et Maggi a fait un plan social de 163 personnes en mars 2011 sur ses deux usines dans le Nord, et elle a arrêté toutes ses références sauf les quatre plus grosses », raconte le directeur de Sveltic.

La hausse des matières premières (légumes, épices, féculents, viande, poissons, fruits de mer...) a aussi pesé fortement. « Jusqu'en 2009, la hausse de certaines matières était compensée par la baisse d'autres. Depuis, elle est très sensible et on a beaucoup de mal à la répercuter dans nos prix de vente, du fait de la crise. » Le boeuf (base notamment des lasagnes ou du hachis parmentier) a augmenté de +40 % et le prix de la coquille Saint-Jacques a été multiplié par 2,5 entre 2008 et 2011. Le beurre et la crème fraîche ont aussi connu des hausses plus fluctuantes.

Autre ingrédient qui a déséquilibré la recette : le taux de change. « L'appréciation du dollar par rapport à l'euro nous a impactés », confirme Christophe Bontemps. Moins d'écart égale moins d'achats possibles. Pas question pour autant de supprimer les investissements (11 millions d'euros sur trois ans depuis 2009). « Il faut trouver d'autres leviers pour compenser cet écart (productivité, travail en synergie au niveau des achats...) »

Dans l'immédiat, l'usine va arrêter sa production une semaine en août. Comme chaque année. Histoire d'envoyer tous ses salariés en vacances et d'en profiter pour faire les travaux nécessaires sur le bâtiment et le matériel pour rester à niveau.

Ouest France - le  19 juillet 2012

Katia MALARET.