Selon l'association consumériste CLCV, comme pour la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), pour comprendre le mécanisme des prix il faut prendre en compte la marge nette. L'Observatoire des marges et des prix a rendu hier des conclusions basées sur la seule marge brute.
Le document examine l'évolution des marges des différents acteurs de la chaîne au cours des dix dernières années. Il pointe l'importance des marges brutes des grandes surfaces et leur permanence en période de crise agricole. Pour autant, les éléments rassemblés par le rapporteur ne permettent pas d'établir précisément les faits. L'Observatoire des prix et des marges «manque pour l'instant de données pour analyser le contenu des marges de la grande distribution», a ainsi reconnu l'établissement public FranceAgrimer, pourtant membre de l'Observatoire avec l'Insee, cité par l'AFP. «En général, les marges brutes de la grande distribution sont plus importantes que celles de l'industrie, mais pour comprendre pourquoi elles sont plus importantes, il faut disposer des comptes analytiques que nous devrions avoir d'ici à l'automne», a-t-on ajouté de même source.
«Analyser le partage de la valeur ajoutée»
Une opinion que partage l'association de consommateurs CLCV. Cette dernière, qui a mesuré les prix de 29 produits de grands consommation de janvier à avril pour aboutir à une inflation de 2,7% dans la grande distribution, ne ménage jamais ses critiques à l'égard des Carrefour, Leclerc et autres Intermarché. Dans un communiqué publié hier, elle se demande notamment «comment se fait-il que les hausses de prix agricoles soient transmises de façon immédiate et mécanique jusqu'au consommateur alors que les baisses n'affectent pas ou si peu les prix en rayon?»
Pour autant, la CLCV demandait, aussitôt le rapport Chalmin remis, «une plus grande transparence sur la formation des prix, mission de l'Observatoire des prix et des marges»... Alors que cet observatoire étudie les marges brutes, la CLCV souhaite qu'il aille «plus loin en s'intéressant désormais aux marges nettes, afin d'analyser le partage de la valeur ajoutée entre les acteurs».
Publication prématurée
La réponse des distributeurs à Philippe Chalmin se place sur le même terrain. «Il n'y a que le bénéfice net qui compte, explique Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Nous avons donné notre accord pour fournir les éléments de marge nette de nos adhérents, mais en raison de leur portée hautement concurrentielle, nous avons souhaité en échange des engagements de confidentialité de la part des services de l'Etat. Or, ceux-ci nous sont revenus il y a quelques jours seulement. Pour que le rapport soit complet, il aurait fallu attendre 15 jours»...
Pour les dirigeants des enseignes, le rapport a été sorti prématurément pour indiquer aux agriculteurs que le gouvernement se préoccupait d'eux. «Ceux qui veulent me voir le peuvent», affirme pour sa part aux «Echos», Serge Papin, président de Système U, en relevant que Philippe Chalmin n'a jamais demandé à me recevoir. «La seule fois où je l'ai rencontré, c'est sur les plateaux TV où il parlait de son livre», ajoute-t-il.
A la FCD, on explique que les hausses de marges brutes des distributeurs sont essentiellement liées la hausse des charges tandis que «le bénéfice net diminue».