Agriculteurs en colère. La base Intermarché bloquée
Les agriculteurs en ont marre de ne plus gagner leur vie. Selon eux, la cause de tous leurs malheurs a pour nom la grande et moyenne distribution. Elle profiterait de la crise pour accroître ses
profits.
Avec l'accord sur le lait, signé la semaine passée, d'aucuns pensaient que les agriculteurs en avaient fini avec les actions d'éclat. Le dernier événement en date
dans la région prouve que c'était aller un peu vite en besogne.
Mot d'ordre national
Depuis dimanche, 21h, les agriculteurs, membres de la FDSEA 56 bloquent en effet la base d'approvisionnement d'Intermarché, située à Saint-Caradec, sur la commune de Saint-Gérand. Et ce dans le
cadre d'un mot d'ordre national. Contrairement aux épisodes précédents, les producteurs de lait ne sont plus les seuls à crier leur colère. «Aucun secteur n'est épargné. Que l'on soit producteur
de porcs, de lait, de volailles, la crise touche désormais tout le monde. C'est simple, plus personne ne s'en sort», peste Jean-Jacques Richard, vice-président des Jeunes agriculteurs
morbihannais.
Une redistribution des marges
Unique accusée: la grande et moyenne distribution (GMS). Unobservatoire sur les marges que s'octroient les grands et moyens distributeurs a bien été mis en place, pour voir s'il y avait oui ou
non des abus, mais les agriculteurs n'y croient pas trop. «Nous exigeons de la grande distribution qu'elle soit plus transparente dans ses prix. Les marges que la GMS applique deviennent
insupportables pour nous. Si il n'y a pas une meilleure répartition des profits nous allons mourir».
Avec le soutien des consommateurs
Dans leur combat, les agriculteurs comptent sur le soutien des consommateurs. «Aujourd'hui, on nous achète nos porcs 1,40EUR le kilo et dans le même temps le jambon est facturé 12EUR le kilo en
grande surface. Au passage, il y a bien quelqu'un qui se sert. Et je peux vous dire que ce n'est pas nous», insiste un producteur, avec en main, le dernier relevé de prix effectué par
l'association Que Choisir.
Ne pas se tromper de cible
Le blocage est prévu pour durer jusqu'à samedi. «Nous sommes une base d'approvisionnement, pas une centrale d'achat. Autrement dit, ce n'est pas ici que sont fixés les prix. Les agriculteurs ont
le droit de manifester, mais ils se trompent de cible en s'attaquant à Saint-Gérand», fait remarquer Lionel Abelain, le responsable de la base qui s'inquiète pour l'avenir immédiat de ses
230salariés. «Si le blocus continue, je n'aurais pas d'autre solution que d'avoir recours au chômage partiel». Hier soir, les manifestants s'organisaient pour passer une deuxième nuit dehors.
- Yann Le Scornet
le télégramme - le 9/06/2009