Après le départ anticipé de Michel Pattou, six mois avant la fin de son mandat de président de la Société Civile des Mousquetaires en mai 2011, le premier groupe d'indépendants a décidé de mettre de l'ordre dans la maison.
C'était le résultat d'une nouvelle crise de gouvernance, dont ce distributeur atypique est coutumier au long de son histoire. Cette fois, Michel Pattou, dont le deuxième mandat (de quatre ans) à la présidence de la SCM courrait jusqu'en mai 2011, avait décidé de remettre son tablier. Une façon, ont dit certains, de couper l'herbe sous le pied des «agitateurs», au rang desquelles Eric Mozas, adhérent du nord de la France, président démissionnaire en 2009 d'ITM Alimentaire et censé mener la fronde des patrons des hypermarchés du groupe insatisfaits des conditions qui leur étaient faites, Philippe Boutron, l'un d'entre eux, autre ancien président d'ITM Alimentaire et adhérent de la région parisienne, qui a fait passer depuis son plus grand point de vente sous l'enseigne Leclerc?
«Se redonner des missions claires»
«Ca n'avait rien à voir avec les moments délicats que nous avons traversé en 2002 avec les questions sur l'avenir de notre filiale allemande Spar. Il s'agissait seulement d'anticiper de quelques mois un départ prévu dans nos statuts après un gros travail de plus de huit ans à la tête de la SCM», assure pourtant aujourd'hui Jean-Pierre Meunier, le nouveau président élu, adhérent Bricomarché d'Indre-et-Loire. Pour bien marquer le changement, néanmoins, un conseil d'administration de 8 membres a donc été installé à la SCM, «sur un mode de conseil de surveillance», précise Jean-Pierre Meunier. L'occasion de «se redonner des missions claires».
Le conseil de la SCM est ainsi le garant des valeurs et de l'éthique du groupement, le garant de sa pérennité par l'examen des comptes du groupe, et le garant des intérêts et des biens patrimoniaux des associés. Société civile à capital variable, la SCM est en effet détenue à 100% par ces derniers (plus de1 millier, donc), porteurs de 8 à 60 parts, selon le principe «un homme, une voix». La part, dont la valeur est définie statutairement, ne donne pas droit à dividende. Elle est revalorisée de façon à ce que l'effort financier consenti par chaque adhérent d'aujourd'hui, «qui doit pouvoir devenir associé», soit le même relativement qu'il y a vingt ans, et ne peut se revendre qu'à l'intérieur de la SCM. Celle-ci a aussi une mission prospective et, enfin, son conseil d'administration «nomme le patron de l'opérationnel», en l'occurence donc le président d'ITME. Ce dernier est à la tête d'un conseil d'administration constitué dans une logique de représentativité des territoires et des métiers avec 4 membres aujourd'hui, et un cinquième prochainement issu de l'enseigne Bricomarché.
«Conduire les réformes nécessaires»
«Il s'agit de proposer et de conduire les réformes nécessaires au groupement et à chacune des entités qui la composent, l'objectif immédiat étant de clarifier le fonctionnement du groupement», explique Marc Legrand, adhérent Intermarché du nord, et président d'ITME depuis deux ans. Le holding chapeaute de fait un pôle industriel, avec 60 usines et le premier armement de pêche de France, un pôle immobilier, un pôle métiers avec quatre marchés bien identifiés, l'alimentaire (Intermarché et ses déclinaisons, Netto), l'équipement de la maison (Bricomarché), l'automobile (Roady) et la restauration (Poivre Rouge), et enfin les fonctions support, dont la Stime, l'une des plus importantes SSII française (avec 800 personnes à Montrouge), ou encore la direction Développement durable.
LES ECHOS - le 3/02/2011