APRÈS LA CRISE DU LAIT
AFP
L'enseigne Intermarché, dont quatre ou cinq bases sont déjà bloquées, s'estime "injustement pénalisée" par les opérations de blocages menées par les agriculteurs demandant une meilleure
répartition des marges (ici à la base Intermarché de Saint-Gérand, près de Pontivy, mercredi) © François Destoc / MAXPPP
Les agriculteurs maintiennent le blocage prévu à compter de jeudi soir pour 48 heures de la moitié du réseau d'approvisionnement des grandes surfaces. Mobilisés depuis déjà plusieurs jours dans
le Grand Ouest, ils sont "en train d'être entendus par le gouvernement", reconnaît cependant Jean-Michel Lemétayer, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles
(FNSEA), à l'origine du mot d'ordre. Celui-ci réagissait à une déclaration du ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, assurant que le gouvernement était disposé à envoyer des inspecteurs du
ministère des Finances dans les grandes surfaces ne jouant pas "le jeu de la transparence" sur les marges des produits agricoles. "Nous attendons de voir que c'est bien l'ensemble des membres du
gouvernement" concernés par ce dossier "qui va se mettre en oeuvre", a averti Lemétayer. Barnier, tout juste élu député européen, doit quitter le gouvernement dans les prochains jours.
Le mouvement de protestation est déjà enclenché depuis plusieurs jours dans le grand Ouest à l'initiative d'éleveurs en colère qui ont largement devancé le mot d'ordre de la FNSEA. En bloquant
les plateformes d'approvisionnement de la grande distribution, le syndicat agricole veut dénoncer les marges réalisées par les grandes surfaces. Depuis la signature la semaine dernière d'un
accord sur le prix du lait jugé très insuffisant par les producteurs laitiers, les éleveurs restent mobilisés sur le terrain. Ils ont été rejoints par d'autres agriculteurs dont les
productions (porc, fruits et légumes..) connaissent aussi des difficultés. La situation est tendue et des échauffourées ont eu lieu avec les forces de l'ordre.
Les 22 régions françaises touchées
Plusieurs plateformes logistiques assurant l'approvisionnement de la grande distribution (Intermarché, Lidl, Leclerc, Système U, Casino, Carrefour, Géant...) étaient occupées jeudi, certaines
pour la troisième journée consécutive, dans les Côtes-d'Armor, le Morbihan, le Finistère ainsi qu'en Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique et le Maine-et-Loire. En Haute-Normandie, une plateforme est
bloquée à Bourg-Achard (Eure). Des actions sont attendues dans la journée en Basse-Normandie. La région Est est aussi entrée dans le mouvement. Plusieurs bases (Lidl, Leclerc, système U,
Intermarché,...) étaient bloquées dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, et dans la Meuse. En Franche-Comté, le mouvement devait débuter plus tard.
La FNSEA a annoncé que les 22 régions françaises seraient touchées. Dans chacune d'entre elles, une ou deux plateformes seront bloquées. Les blocages devraient perturber les traditionnelles
courses du samedi mais, selon la FNSEA, les consommateurs "comprennent les paysans". Les manifestants ont reçu le soutien du député UMP Jean-Paul Charié qui a estimé que "la colère des
agriculteurs est justifiée car, de fait, les prix baissent pour eux et augmentent pour les consommateurs". Ce dernier a été rapporteur de la loi sur la modernisation de l'économie (LME), qui a
modifié les relations entre fournisseurs et distributeurs dans le but de faire baisser les prix pour le consommateur. "En 10 à 15 ans, le transfert des profits des agriculteurs et industries
agroalimentaires vers la grande distribution est indéniable. Hier 15 % de marge suffisait aux grandes surfaces. Aujourd'hui 25 % est leur minimum !", selon lui.
Le point - le 11/06/2009