Estillac (47) : la Ronde des fraîcheurs bloquée

Trente-trois grévistes empêchent la sortie et l'entrée des véhicules. En attendant de voir leurs revendications satisfaites.

Le face-à-face continue entre les salariés et la directrice, Mme Delsol. Grève à la Ronde des Fraîcheurs _deuxième jour_ Sandrine Delsol 20130510_photo_DSCN0436 (Borderie Jean Louis)

Jour de grève. Acte II. Une farce sociale forcément triste dans laquelle chacun campe, image parfaite, sur ses positions. Les uns sous des toiles tendues à des hayons de voitures. Les autres claquemurés dans leur bureau. Et tous à guetter un hypothétique fléchissement de l’adversaire. Après une première nuit passée sous un ciel escamoté par des nuages chargés d’averses, trente-trois salariés de la pâtisserie industrielle la Ronde des fraîcheurs poursuivent un mouvement de grève initié jeudi.

Ils ne reprendront le travail qu’en cas d’application d’accords négociés il y a deux ans lors d’un précédent conflit social sur les primes d’intéressement, le treizième mois et les augmentations de salaires et dernièrement dénoncés par la direction.
Si les barricades ont été déplacées, elles privent toujours les véhicules d’aller et venir à leur guise sur le site de la zone Mestre-Marty d’Estillac où les lignes produisent toujours des gâteaux qui ne rejoindront jamais les rayons des magasins Intermarché. Le blocus est total. « Nous ne laissons aucun camion entrer ni sortir. Les pâtisseries doivent s’entasser sur les quais et les machines puisque la direction a choisi de ne pas suspendre la production ». Sans doute dans l’espoir d’un relâchement de la surveillance qui n’est jamais intervenu.

Intermarché à la rescousse ?
« Le mois de mai est très important pour l’entreprise, en raison des nombreux jours fériés notamment. Nous pouvons produire jusqu’à 76 000 parts par jour. La directrice, Mme Delsol, a indiqué vouloir négocier à condition de lever les barrières. Nous avons refusé », soulignai, hier, Adnane Dkhir, délégué syndical de la CGT. Autre initiative de la responsable de l’usine, détenue par le groupe Intermarché, faire constater la position d’entrave des grévistes par un huissier.
« Une tentative d’intimidation. Mais si elle croit que nous allons bouger, elle se trompe de syndicat », ont jugé les grévistes cégétistes déterminés à maintenir les piquets jusqu’à la satisfaction de leurs demandes. Hier, la directrice n’a pas souhaité donner suite à nos sollicitations, gardant pour elle ses sentiments sur un conflit qui pourrait être repris au niveau d’Intermarché si la situation s’engageait irrémédiablement sur la voie du pourrissement.

Caméras cachées
Surtout qu’en marge des revendications financières, les salariés contestataires ont d’autres griefs
à opposer à leur direction. Notamment depuis la découverte en 2012 d’un dispositif de caméras cachées dans des détecteurs de mouvements (lire notre précédente édition). Une procédure judiciaire a été engagée. Sans suite à ce jour. L’actuel contexte social pourrait contribuer à les provoquer. « Nous avons constitué un dossier d’agissements que nous considérons inappropriés », poursuit Adnane Dkhir, en référence à des chèques du comité d’entreprise qu’aurait utilisé la direction, sous l’ancienne mandature. Ce vendredi, les salariés se préparaient à passer le week-end sinon sur, du moins devant leur lieu de travail.

Sud Ouest - le 11/05/2013

http://www.sudouest.fr/2013/05/11/estillac-47-la-ronde-des-fraicheurs-bloquee-1050821-3688.php